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 Réflexions Nocturnes, en pleine journée!

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Svea
Légionnaire
Svea


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Classe/Race : Mage Humaine
Date d'inscription : 21/02/2006

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MessageSujet: Réflexions Nocturnes, en pleine journée!   Réflexions Nocturnes, en pleine journée! EmptyDim 16 Mar - 16:25

Troisième édition de ces pensées nocturnes. Un peu spéciale, puisque celle-ci, je ne l’écris pas la nuit. Non, c’est juste une envie irrépressible d’écrire un petit quelque chose sur un bouquin qui me tient à cœur.
Car oui, contrairement aux deux (médiocres) précédentes éditions, cette fois, j’ai un sujet de discussion !
Je viens de finir avec délice un bouquin, « Comme un Roman », de Daniel Pennac. Je vous épargne la bio de l’auteur, nous ne sommes pas en classe de français, devant la salle attentive et passionnée de nos camarades, qui n’attendent que le faux pas, la fourche, le petit dérapage pour éclater de rire. Non. Et c’est pourtant dans ce contexte que j’ai rencontré ce petit rectangle feuillu qui a très certainement influencé ma vie professionnelle, voire même personnelle.

Imaginez la situation. Je suis en classe de quatrième, au collège Saint Exupéry de Roubaix (pas de trait d’union entre Saint et Exupéry, puisqu’il s’agit là d’un nom propre, n’est-ce pas). Nous sommes au début de l’année scolaire 1997-1998. J’avais 13 ans.
J’étais déjà dans l’âge dit ingrat. Vous savez, cet âge où, on ne sait pas pourquoi, on ne fait que des trucs bêtes, pensant que ce sera pris comme « cool ». Cet âge où la voie du petit garçon commence à muer pour devenir celle de l’homme. Cela prendra quelques temps. Cet âge où l’on se cherche un style, à cette époque où la mode voulait que l’on cachât nos corps maigrelets sous des vêtements trop amples, larges bouts de tissus et de laine synthétiques, cousus mains par les petits asiatiques de notre vaste planète, sous la botte militaire d’un régime qui nous faisait rêver, et dont on avait fait l’une des figure emblématique notre idole, le « Che ».
Car oui, on est alors dans un âge rebelle, celui de la contestation. Nos premières rebellions contre nos parents, qui nous « saoûlent grave, mais trop quoi ! », contre le système scolaire qui nous « saoûle grave quoi, mais trop ! », contre les profs, ces « vieux bouffons, grave quoi ! », et contre le monde entier qui en veut à notre intégrité de jeune sans avenir, étouffé dans ce monde de brute et de l’argent-roi !
Mais il n’y a pas photo, à l’époque, ce qui nous « saoûlait », c’était notre quotidien : l’école ! Et si certains avaient quelques préférences pour certaines matières (car ils y excellaient, ou bien la toute jeune prof était « grave mignonne » pour leurs petites hormones en éruption), tous s’accordaient pour dire que la matière super-chiante, c’était le français.
Et j’ai fait partie du troupeau ! Je n’y étais pourtant pas mauvais. Plutôt bon en rédaction, j’avais de superbes annotations en orthographe, où mes copies étaient souvent prisent en exemple. Dure loi alors que d’être mis à l’index à son insu ! (Les profs ignoraient-ils cela ?!!).
Et comme dans toutes classes de français, en ce début d’année, circula alors la Liste. Cette fameuse Liste. Celle où sont alignés 50 titres de romans, 50 titres comme autant de pièges tendus à nos petites réflexions de l’époque : lequel d’entre eux nous feraient rater le match de foot, la boom de Sophie ou le fameux film qui sort la semaine prochaine ? Monde cruel.
Car il faut bien l’avouer, au collège, sur une classe de 30 têtes blondes (expression usuelle, il faut l’avouer. Sur 30 gamins, on devait être à l’époque 2 ou 3 à être clairs de cheveux. Sans doute les origines africaines de mes camarades de classe de l’époque y étaient pour beaucoup).
Bref, on n’aimait pas lire. Beurk. Torture inutile, mais l’on savait qu’on nous obligerait à lire un « pavé » de 150 pages ! 150 pages. Ridicule pour nos yeux matures d’aujourd’hui, l’Everest à l’époque.
C’est alors que le Sort, le Destin, entre en jeu. La feuille arrive devant mes yeux. Dix noms sont déjà étalés sur la liste, comme autant de condamnés qui seront fusillés avant moi… Je sors mon crayon gris de ma trousse (oui, « crayon gris » ou « crayon de bois ». Ce que la plupart d’entre vous doivent appeler « crayon à papier » quoi..), je ferme les yeux, et levant le bras pour me servir de l’ustensile comme d’une baguette magique, j’abat la mine sur un titre au pif. « Comme un Roman », de Daniel Pennac. Titre inconnu d’un auteur dont j’ignorais jusqu’à l’existence même.

Le samedi matin. Libre, puisque le lycée y avait préféré les mercredis matins. Me voilà parti avec mon paternel, direction la grande enseigne « Furet du Nord ». Je trouve ce maudit bouquin (damned ! Même pas l’excuse du « ils l’avaient pu en stock m’dame ! »). De retour dans la voiture, j’entame la première page, « pour voir »…
« Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe « aimer »…le verbe « rêver »…
On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : « Aime-moi ! » « Rêve ! » « Lis ! » « Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t’ordonne de lire ! »
-Monte dans ta chambre et lis !
Résultat ?
Néant. »

Mince alors. Ce mec comprend le lecteur collégien, celui qu’on pousse à lire un livre contre sa volonté, pour écrire un exposé contre sa volonté, qu’il présentera devant la classe contre sa volonté, pour conforter le professeur qu’il en allait de sa propre volonté. Il m’a compris, moi. Sur la moitié de votre première page, Monsieur Pennac, vous avez conquis ma curiosité, gagné mon estime (déjà) et m’avez donné l’envie de lire ce livre (chose non-aisée à l’époque).
Car ce livre, c’est la définition même de la lecture moyenne, du livre moyen, du lecteur moyen. La littérature bof, pour les bofs. Ce qu’on peut faire, ce qu’on est en droit d’attendre, ce qui nous est permis en réalité, sans que ces sombres et tristes sires de bien-pensants ne puissent dire quelque chose.

Loin de moi l’idée, l’envie de vous raconter le livre. Après tout, je ne suis pas une fiche-résumée médiocre, sans goût et qui passe l’envie de lire.
Juste, j’avais envie de vous raconter comment un gars, que je ne connais pas, que je n’ai jamais vu, que je ne rencontrerai peut-être jamais, a réussi à changer la vie du petit garçon que j’étais, et que je reste en relisant son livre, avec seulement 47 mots.

Merci, Monsieur Pennac.
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